Au centre d'un trou maculaire
"L’Im–macula " février 2022, série de 30 aquarelles, papier Fontaine 300g m2, 30 x 40 cm ©sylvie lander
L’Im–macula
Le 18 janvier 2022, d’une heure à l’autre, j’ai commencé à perdre la vue de l’œil droit, mon seul œil fonctionnel, et cela sans choc brutal extérieur.
Un trou maculaire, mais je ne le savais pas encore. Cela aura été un vécu difficile, mais aussi riche en transformations et enseignements.
Et l'art au final pour le sublimer !
Après mon opération durant ma convalescence, pour retrouver de la lumière au bout de ce passage, j’ai peint 30 aquarelles avec le flou de mon oeil gauche atteint d'une amblyopie congénitale avec ses 4/10 après correction.
Lundi 24 janvier 2022
Radieux soleil d’hiver. Mais trou noir. Perception d’un monde défiguré telle une bouillie digne d’un excellent scénario de film d’horreur ! Chaque visage
ressemble à une mauvaise peinture de Francis Bacon. Éclipse permanente dans mon œil. Parfois rond orange sur fond sombre.
Ainsi débute le journal écrit et peint de Sylvie Lander. L’artiste-peintre, un soir, suite à une grave atteinte à un œil, va perdre le regard qu’elle porte et transcrit dans sa pratique picturale. Elle relate ici ses journées de doute et d’espoir, son combat, son opération. Elle va, au tout début de la reconquête de sa vision, peindre « ce qu’elle voit » dans ce bocal incertain que son œil est devenu.
14 février 2022
C’est décidé, je vais peindre ce que je perçois à l’intérieur de l’œil droit. Œil gauche, au boulot. Organiser l’espace : exit la salle à manger. On la baptise
atelier. Table agrandie, poussée, protégée. On apporte du matériel. Il me faut un pochoir rond qui délimitera ce cercle intérieur, l’espace de ma pupille.
On le trace, le découpe. Tout est prêt : demain, je peindrai. Comme je pourrai. Ce que je verrai.
Défi.
Extrait du journal de l'artiste, L'oeil déchiré, Ponte Vecchio Éditions, 2022