Incandescence, vitraux / Arbre de vie, tabernacle, 2018
Oratoire de l'Abbaye de Baumgarten.
Baumgarten : en allemand, le jardin d’arbres. D’arbres fruitiers, bien entendu.
Au détour d’un chemin discret, un lieu de rencontre, comme un point d’équilibre où l’on ne saurait bien dire si les vignes descendent vers les creux ou si elles prétendent à l’assaut du Ungersberg. Un petit ruisseau coule là, mais c’est à l’horizontal qu’il semble vaquer. Un vaste pâturage, une rangée de peupliers qui soulignent comme un feston. Des courbes douces. Une lumière délicate. Une sorte d’immobilité aussi, d’un air transparent.
Dès la première visite, avant même de considérer les bâtiments de l’abbaye, on se surprend à inventorier la périphérie, ayant le sentiment de se trouver au centre de « quelque chose ».
On sait que le chemin de Saint-Jacques passe là, mais lui aussi se refuse à toute ostentation, il reste discret.
La communauté des sœurs cisterciennes qui s’est installée là en 2009, renoue avec la tradition établie en 1125, avec la fondation de la première abbaye et rendent à ce lieu sa vocation d’origine.
L’accueil des visiteurs et pèlerins a été la première préoccupation de la communauté, dès lors que leur installation a été terminée.
Apportant une nouvelle pierre, elles s’engagèrent dans la construction, hors de la clôture, d’un bâtiment d’accueil et surtout d’un oratoire accessible à chacun, situé aux avant-postes du domaine.
L’oratoire aux dimensions modestes se présente comme un quasi-cube, semi enterré, enchâssé dans les courbes du terrain. Sa face ouest est percée d’une croix, le nord accueille une baie rectangulaire.
Le lieu baigne dans une douceur colorée au gré du cycle solaire. L’angle face à l’entrée est adouci par un mur courbe où l’oratoire se niche. Deux stalles anciennes, rapportées de l’abbaye d’Ergersheim, précédente implantation de la communauté, fait mémoire.
La commande faite à Sylvie Lander portait sur cet ensemble. Il s’agissait certes de créer les vitraux. Mais avant tout de mettre en place tous les éléments qui constitueraient l’atmosphère du lieu, en résonance avec tout cet extérieur si particulier évoqué plus haut, d’où un choix attentif au second œuvre, aux matériaux, aux couleurs et accessoires.
Pour ce qui concerne les deux vitraux, le sens d’ouverture de la baie rectangulaire, les biseaux apportés et le matériau des ébrasements ont été particulièrement soignés. La pose en tableau extérieur a permis de garder une lumière maximale.
L'artiste a mis en œuvre une technique élaborée lors de la reconstruction de l’église Saint-Denis de Gerstheim. Une lame d’air sépare deux vitres peintes aux émaux et cuites ; partiellement sablées, elles sont ensuite jointes en tant que volumes techniques isolants avant d’être montées dans des châssis d’aluminium.
L’inspiration, tant de la baie rectangulaire que de la croix peut s’approcher par la forme et la couleur. Sur le plan formel la lecture se propose de bas en haut, à l’instar d’un paysage dont la ligne d’horizon amènerait le regard à s’élever, au-dessus des cimes, au-delà des nuage. La couleur, quant à elle, ancrée dans cette ligne basse festonnée verticalement de bleu, passe à travers un rouge-orangé vers un jaune de nuée. Il en résulte une impression d’incandescence vibrante.
Le spectateur attentif ne manquera pas de faire le parallèle entre cette vision et celle proposée par la montagne surgissant derrière les peupliers avant que le ciel n’envahisse l’espace.
Sylvie Lander avait passé six mois à préparer cette vision avec sa série « Incandescences », élaborant de nombreuses aquarelles où patiemment, inlassablement, elle transcrivait en couleurs, en bleu, en rouge, en jaune, ces moments fugaces de lumière, ces éclaboussures soudaines, ces fulgurances et miroitements captés dans un plissement du regard, dans un clignement des yeux, dans le relâchement d’une vision qui fixerait l’essence de la lumière pour la poser sur le papier, avant de la sceller dans le verre, du bout d’un pinceau incandescent.
Le tabernacle, ce croisement entre le transcendant et l’immanent, abri mystique par excellence et lieu matériel de la dévotion a mobilisé une attention particulière.
La Communauté a souhaité planter un arbre issu du verger. Un cerisier a été choisi. De taille modeste et sans véritables racines, il a été entièrement retravaillé,
façonné à la main, délicatement dépouillé de son écorce, scié, tourné, patiné. Un socle vertical, tendu sur toute la hauteur de l’oratoire accueille ce bois de vie. Un tondo de verre, vitrail
délicat finement ouvragé est enchâssé à mi-hauteur, à la hauteur de la discrète chambre qui abrite l’hostie consacrée. Un système de lumières élaboré restitue une ambiance douce, marquant aussi
la Présence et favorisant le recueillement. 2018
HORAIRES D’OUVERTURE
L'oratoire est accessible tous les jours de 10:00 à 17:00
La boutique monastique est ouverte en semaine de : 10:30 à 11:30 et de 14:45 à 16:45 / dimanche de 11:30 à 12:00
Pour tous renseignements : 03 88 57 86 55
Atelier du verrier :